Une Soirée Pour Sophie le 18 octobre 2011

ASSOCIATION POUR LA VERITE SUR L'ASSASSINAT DE SOPHIE TOSCAN DU PLANTIER née BOUNIOL

 

Cette soirée amicale, organisée par l’Association pour la Vérité sur l’assassinat de Sophie Toscan du Plantier, a été l’occasion pour sa famille, ses amis et les membres de l’association de rappeler qui était Sophie, d’évoquer son travail, son œuvre de productrice, de faire le point sur les avancées de la justice.


Plus de cent personnes étaient venues pour assister à cette soirée parmi lesquels on comptait, outre les parents le fils et les frères de Sophie, des journalistes français et irlandais, des représentants d’une association de défense de victimes d’assassinat en Irlande, de nombreux amis de Sophie, des parents, des proches.


Après une brève présentation du programme de la soirée par le président de l’association, Jean-Pierre Gazeau, la maman de Sophie, Marguerite Bouniol a parlé des talents d’auteure de sa fille, de sa manière d’exercer son métier et de son acharnement à faire partager ses passions à travers ses productions pour la télévision.


Un montage vidéo d’extraits de documentaires réalisé par Jean Senet sur des images de Sophie à 27 ans, sur les créations de Sophie sur les artistes Baseli et Armand, sur « L’art africain » et sur « Le Pli » a été projeté dans un silence impressionnant.


De nombreuses personnes ont exprimé les souvenirs qu’elles gardaient de la personnalité lumineuse de Sophie, sa marraine, sa tante, ses amies, ses collègues on tenu à exprimer spontanément leurs sentiments et leurs émotions (voir ci-dessous).

L’avocat de la famille et de l’association a ensuite fait le point sur les derniers développements judiciaires importants suite à la visite de deux semaines des policiers et scientifiques français pour interroger une trentaine de témoins et examiner les pièces à conviction après quinze ans d’attente.

Le succès de cette soirée a pu se mesurer par le nombre des participants, de nouvelles adhésions et par l’émotion que l’on a ressentie tout au long de son déroulement.

La famille a pu, l’espace d’une soirée, se sentir entourée par l’affection de tous les participants. L’association se félicite du succès de cette manifestation et tient à remercier chaleureusement les personnes qui par leur présence ou par leur intention se sont jointes à cette Soirée pour Sophie.

Soirée amicale pour rappeler qui était Sophie, évoquer son travail, son oeuvre de productrice, faire le point sur les avancées de la justice.

Les témoignages exprimés pendant la soirée pour Sophie


Marguerite

Sophie avait réalisé son rêve d’avoir un jour une maison en Irlande. Elle a réalisé son rêve, elle a eu sa maison et au bout de son rêve il y avait la mort. Elle avait choisi sa maison isolée au flan d’un coteau avec la vue sur la mer et un paysage devant elle qui était très beau. En bas il y avait des champs, des oiseaux qui chantaient. Il y avait aussi des renards qui passaient. Il y avait des chevaux et plein d’animaux. C’était une vie tout à fait à part.

La maison de Sophie, c’est une grande maison, on l’a vu sur tous les journaux. C’est une maison qui vous surprenait. D’abord il fallait la trouver. Pour la trouver, la première fois, le signal c’était : il faut s’arrêter à chaque carrefour et, là où il y a de l’herbe au milieu du carrefour, il faut prendre cette route. On a fait ce qu’elle avait dit  et on s’est perdu trois fois.

On prend ce chemin qui n’a rien d’extraordinaire, on est dans la lande il n’y a pas beaucoup d’arbres et à un moment, on tourne et qu’est-ce que l’on voit ? Cette grande maison blanche qui est surprenante par sa grandeur, sa blancheur et cette maison, on ne sait pourquoi, elle vous attend, elle vous accueille.

Après, ce qui s’est passé, c’est difficile de le dire, elle est toujours aussi accueillante. Moi, je retrouve là tous les souvenirs de ma fille  et la façon dont elle l’a meublée. On ne peut pas écrire et chercher dans sa tête tout ce que l’on va mettre dans un livre ou un film et en même temps regarder autour. Les chaises irlandaises d’autrefois sont complètement bancales, il y avait un fauteuil complètement défoncé mail là au moins c’était bien, parce que son regard n’était pas distrait.

Je ne vais pas monopoliser la parole, il y a peut-être des personnes qui veulent parler.

Je dis merci à tous parce que vous ne pouvez pas savoir ce que ça fait du bien quand on est parents et qu’on a un tel drame qui vous tombe dessus, surtout de la façon dont cela s’est passé, que quinze ans après vous ayez gardé le souvenir de Sophie, que vous soyez là tous autour de nous pour nous donner du courage.

Merci infiniment.

Collègue de Sophie

Sophie était mon amie, Sophie est ma voisine, Sophie est ma collègue de travail et j’ai eu la chance de la rencontrer pendant toutes ces années et de la voir jusqu’au mois de novembre de cette terrible année. Nous parlions de nos amies communes ; Agnès THOMAS, Frédérique MORRÉ, nous parlions de son grand amour pour son fils, Pierre-Louis que j’ai rencontré quand il était petit.

Évidemment j’ai été très choquée par sa disparition. J’ai vraiment envie que l’on se batte pour trouver une solution et une issue à cette histoire.

Je veux saluer la mémoire d’une grande amie, d’une femme merveilleuse, intelligente, belle et que je regrette beaucoup.

Merci.

Ambassadeur Benoît HABLOT

Je n’ai pas eu la chance de connaître Sophie autrement que par les photos dans la propriété de ses parents à Tourgéville. Mais, on dit souvent que quand on veut choisir une jeune femme, il faut regarder la mère pour savoir comment cette jeune femme va vieillir et je voudrais dire merci à Marguerite et à Georges de vieillir aussi bien.

Je voudrais ajouter aussi et remercier Marguerite parce que à la mort de Sophie j’ai écris à Marguerite : « un destin tragique n’est pas le lot des petits » et Marguerite l’a repris en épitaphe dans le livre qu’elle a écrit sur Sophie, livre manuscrit, livre merveilleux.

Merci.

Employée de Sophie

J’ai connu Sophie, j’ai travaillé pour elle, c’était une dame formidable, très belle, intelligente, elle me confiait beaucoup de choses. C’était une fille de très bonne famille que je regrette beaucoup, je l’aimais beaucoup.

Texte de Marie Madeleine OPALKA lu par Marie Claire GAZEAU

« Pardonnez-moi de ne pas être des vôtres, mais je n’aurais surtout pas voulu assombrir votre soirée par mon chagrin parfois incontrôlable.

Sophie n’était pas une femme d’excès.

Elle avait une gourmandise élégante et mesurée. Sa personnalité avait un double aspect, à la fois terrien, mais tout autant « Alice au pays des merveilles », qui s’intéressait à tout, avide d’apprendre et qui s’émerveillait toujours devant les êtres capables d’élargir ses connaissances.

Son domaine était l’écriture, ce qui lui a permis de s’engager ensuite dans le cinéma avec  des réalisations très différentes les unes des autres : « Baselit », « Arman », puis « Le pli » et enfin le film inachevé «  Les humeurs du corps ». mais elle avait aussi un intérêt passionné pour la musique et la peinture.

Et, à propos de cinéma, elle n’a jamais été une femme de paillettes, encore moins une starlette en mal de producteur. Ce n’est pas elle qui aurait gravi 2 fois les escaliers du palais des festivals pour être certaine d’être encore photographiée.

D’ailleurs elle devait toujours se forcer pour aller au festival de Cannes, car chaque année elle redoutait davantage de devoir affronter son coté archi-mondain.

Je pense que c’est cet aspect là, qui avait séduit Toscan.

Sophie était vraie et s’avançait dans la vie sans masque, sans a priori et ne méprisait jamais personne. Son regard était toujours le même, ouvert, avenant curieux et heureux, aussi bien pour le clochard à qui elle permettait de dormir la nuit dans sa mini et qui ainsi lui gardait sa voiture, que pour le Président de la république.

Lorsqu’elle rencontrait quelqu’un, ses facultés d’intérêt et d’écoute étaient telles, qu’elle en devenait plus intelligente, plus passionnante.

Au sens latin du terme, elle n’était pas snob car elle avait une noblesse intérieure toute aussi profonde que sa noblesse extérieure.

D’une beauté absolument naturelle, son maquillage consistait en un peu de rouge à lèvres, et un peu d’ombre sur les yeux.

Tous ces aspects que je viens de citer étaient si évidents que lorsqu’elle rentrait dans une pièce, immédiatement l’air était différent.

Sa présence était telle qu’elle attirait immédiatement toutes les attentions.

Je me souviens d’une soirée à Paris en l’honneur de César avec des femmes plus belles et plus élégantes les unes que les autres, mais lorsque Sophie est entrée, les conversations se sont tues et soudain la voix de César : « Et dis donc, toi là-bas petite, tu viens vers moi »

Je pense que personne ne me contredira dans ma description, et si je dis tout cela c’est pour ceux qui ne connaissent pas ou pas suffisamment Sophie, afin que vous partagiez avec moi ce qu’elle fût et ne cesse de représenter pour nous tous et dont l’absence nous est toujours plus cruelle. »

Anne Delcassian : http://www.goodnightirene.ie/

Je voudrais juste remercier nos gentils amis français pour avoir pris le temps de passer avec nous ce bel après-midi aujourd'hui et je tiens à offrir nos plus sincères condoléances, du fait que votre affaire ne soit toujours pas résolue en Irlande.

La même chose s'est passée pour moi. Ma sœur a été assassinée il y a six ans en Irlande et cette affaire n'est toujours pas résolue.

Il semble que le système judiciaire irlandais est très en retard et qu’il ne nous aide pas vraiment. Je pense qu’un changement doit intervenir pour nous tous, car il y a littéralement plus de 220 assassinats en Irlande qui n'ont toujours pas été résolu, ce qui est absolument épouvantable.

Il y a en fait un nouveau ministre de la justice qui a pris le relais d'un précédent ministre décédé il y a quelques années et qui donc apportera peut-être des changements.

J'ai l'intention de lui écrire, mais je voulais attendre pour parler à nos amis ici avant de le faire pour voir si cette situation va changer. Je sais que vous avez une enquête en cours comme je l'ai moi-même.

Je ne veux pas parler des autres affaires pour le moment mais je vous exprime toute ma sympathie avec mon cœur, mes larmes et je suis de tout cœur avec vous tous et j'espère, avec l'aide de Dieu, que le système judiciaire finira par travailler pour nous et que quelque chose de favorable se produira pour vous. Il est absolument scandaleux que cela soit si long et ma propre affaire se passe de la même façon.

Ainsi, Marguerite, je vais parler de vous à mes amis.

Nous avons passé un moment merveilleux à Paris et je vous en remercie beaucoup.

Barry Roche : The Irish Times

Je viens vous remercier beaucoup pour l'invitation. Je tiens à rendre hommage à Georges et Marguerite pour leur grande détermination et leur courage au cours de ces nombreuses années. Je veux aussi féliciter l'association qui s’est mobilisée et qui, j’en suis sûr, a donné un nouvel élan peut-être au point d’apporter une solution très prochainement.

Mais c’est encore leur détermination pour la précieuse personne qu’était leur fille qui est très émouvante et merveilleuse. Je leur souhaite tout le succès qu’ils méritent.

Francis Lefèvre

Ce que je voudrais dire c’est que quand je suis monté à Paris pour faire mes études alors que je venais de Marseille, j’ai été accueilli par la famille, Marguerite et Georges, comme un fils. Pendant deux ans, je suis resté avec eux et j’ai donc passé des moments de joie et de bonheur avec Bertrand, Marguerite et George. J’ai des images qui me reviennent comme par exemple quand on écoutait « Le Boléro » en boucle. Sophie était petite fille  mais elle s’intéressait à la musique, à l’archéologie, à la littérature. On passait des moments ainsi. Je me rappelle de Grignon aussi.

Je voulais témoigner de l’accueil de Marguerite et Georges, de Sophie et de Bertrand. Stéphane n’était pas encore né. De temps en temps nos chemins se croisaient ; rarement puisque j’ai tourné dans le monde et dans la France entière et quand on se croisait, c’était toujours de bons moments.

Je me souviens du mariage de Bertrand où l’on a passé une soirée d’enfer, où avec Sophie on a chanté comme des fous. Ce sont des souvenirs inoubliables et je les remercier Marguerite, Georges, Sophie, Bertrand et Stéphane car je me suis même occupé de lui bébé …

Jacqueline Delmas,  Marraine de Sophie

J’ai eu la joie que Marguerite et Georges me choisissent pour être la marraine de Sophie. J’ai eu donc l’immense privilège de porter Sophie à l’église St. Eustache pour son baptême.

Nous avons eu des relations très serrées, très suivies jusqu’à mon mariage quand je suis partie en Suisse et je ne peux, quand j’ai vu les journaux  sur la mort de Sophie, je ne peux oublier les mots qu’elle m’avait dit à mon mariage, préparés par sa maman. Elle ne savait pas lire bien sûr puisqu’elle avait six ans. À un moment elle m’a dit, parce qu’elle savait que je partais en Suisse, « Et puisque tu pars si loin, n’oublie pas de donner de tes nouvelles ».

Je dois dire que cette phrase, maintenant qu’elle est si loin, me revient à chaque fois à l’esprit chaque fois que j’ai le plaisir d’aller à Combret ou rue Tiquetonne, de voir toute la famille Bouniol, de revoir Bertrand, de revoir Stéphane, leurs enfants et l’immense joie que j’ai eu de connaître Pierre-Louis et maintenant Aurélia.

Tout cela pour vous dire que les liens que j’ai très forts en souvenir de notre Sophie, seront indélébiles.

Dieu sait si je souhaite qu’en fin nous ayons la satisfaction de savoir pourquoi, comment une telle chose a pu nous arriver pour nous priver d’une fille exceptionnelle, d’une maman exceptionnelle et bien sûr de ma filleule exceptionnelle.

Excusez mon émotion.